« Avant que le destin te frappe à la tête,
Ordonne qu’on t’apporte du vin couleur de rose.
Pauvre sot, penses-tu être un trésor,
Et que l’on te déterrera
Après t’avoir enseveli ? »

Omar Khayyam Quatrains LXVIII

« Un tantinet aquatique », crayons pastel sur papier à dessin A5, copyright Paul Coudsi octobre 2017

C’est-à-dire que je fis deux expositions cette année là - c'était celle de 2018 - presque en même temps, avec en plus un concert lecture et deux lectures musicales. Vous me direz, que c’est le cadet de vos soucis, ces efforts pour paraître, essayer de sortir la tête quelques instants de la nuée d’autres événements culturels… Il faut croire qu’on a une réserve d’amour de soi, de conviction, de croyance en sa bonne étoile. Un modèle dans notre tête : l’artiste connu et reconnu, même après une vache enragée destructrice, même au bout du rouleau, même mort et enterré… mais non… vous n’y êtes pas du tout. On vit cahin cahan, loin des fulgurances, loin des extrêmes, loin des grandeurs… Et puis de temps à autre, c’est comme le désir… cela vous prend. Ensuite on apprend à s’entêter. C’est comme en amour…

Rêve de Niteroi, encres sur carton 65 cm / 50 cm , copyright Paul Coudsi 2015

Et voilà pourquoi on s’obstine, à la petite semaine, à faire ses petits dessins, ses petites couleurs, ses petits mots, ses petites musiques.. ? Parce que cela nous plait ? On a beau dire tout le temps le contraire, rien ne vaut la gloire et la fortune, ce sont des plaisirs divins… Alors oui, voilà que sous nos airs modestes, nous avons la prétention de cacher un génie unique et particulier, esprit, ange, divinité qui s’exprimera avec  évidence dans nos traits et nos taches habiles ou malhabiles, les plus adroites n’étant pas forcément les plus géniales…?

Est-ce-à-dire, que, quand ce démon, ce gnome, ce farfadet qui loge quelque part en nous (mais où donc ?), passe de méconnu à connu, nous pouvons faire notre révérence ? Notre mission accomplie… et qu’importe ensuite…  retraite, disparition du paysage, vacances bien méritées… Ce serait  tellement plus simple la fulgurance, le djinn, le feu d’artifice et le bouquet flamboyant, final ou pas… Et si je manquais  d’étincelles, de poudres de perlimpinpin ? Si j’avais une lacune de poussières d’étoiles, si j’étais en insuffisance de pétilles des anges ? Aurais-je le droit de ma présenter alors ainsi sans ces ardeurs, ces éclairs, ces chatoiements… Autant de questions qui justifient au moins que je m’agite, que je creuse, secoue, tournique, cogite des fois que… d’une petite bouteille trouvée dans la mer sortirait un génie…

En attendant je vous proposais donc deux exposition, un concert lecture, deux lectures musicales et une lecture sans musique, du 16 mars au 14 avril… à Montpellier, entre feu la librairie Tapuscrits, et la maison pour tous G. Sand, en l’an de grâce 2018…

Voilà six ans déjà….

Bédarieux le 15 février 2024

Publié par Paul